LA QUESTION CRUCIALE DE LA LÉGITIMITÉ DE JÉSUS
Mercredi 28 août 2024
Semaine 9 : Controverses
à Jérusalem
Thème
général : L’évangile de Marc
Textes à méditer :
« Par quelle autorité fais-tu ces choses, et qui t’a donné
cette autorité pour les faire ? » (Marc 11:28)
« La pierre qu’ont rejetée ceux qui bâtissaient est devenue
la principale de l’angle ; cela est venu du Seigneur, et c’est une chose
merveilleuse à nos yeux » (Marc 12:10-11).
Dans Marc
11:27-33, les autorités religieuses – les grands prêtres, les scribes et les
anciens – interpellent Jésus alors qu'Il enseigne dans le Temple de Jérusalem.
Ils Lui adressent cette question : « Par quelle autorité fais-tu ces
choses ? »
Par ce biais, ils cherchent à contester l'origine de Son autorité, probablement
en référence à Ses enseignements ainsi qu'à l'initiative par laquelle Il chassa
les marchands du Temple la veille. Leur intention est clairement de
mettre en doute la légitimité de Ses actions et de Ses paroles.
L'étude de ce
passage invite à s'interroger sur la légitimité de la question posée à Jésus
par les chefs religieux : Qui a conféré à Jésus l'autorité
de remettre en question les pratiques approuvées par les dirigeants juifs ?
Cette question est au cœur du défi lancé par les autorités religieuses à Jésus,
et elle souligne le thème central de la légitimité de Son ministère et de Son
autorité divine.
Jésus réagit de manière habile en ne répondant pas directement à leur question. Au lieu de cela, Il leur pose une question à Son tour : « Le baptême de Jean-Baptiste venait-il du ciel ou des hommes ? Répondez-moi. » Cette réponse place les chefs religieux dans une position délicate. S'ils disent que le baptême de Jean venait du ciel, Jésus leur demandera alors pourquoi ils n'ont pas cru en Jean. S'ils disent qu'il venait des hommes, ils craignent la réaction du peuple, car beaucoup considèrent Jean-Baptiste comme un prophète. Finalement, incapables de répondre sans se compromettre, ils déclarent : « Nous ne savons pas. » Jésus leur répond alors : « Moi non plus, je ne vous dirai pas par quelle autorité je fais ces choses. » Ainsi, Jésus évite leur piège tout en révélant leur manque de sincérité et leur peur de la vérité.
En poursuivant
la lecture de Marc 11:29-33, une réflexion s'impose sur les raisons pour lesquelles
Jésus aurait choisi de dissimuler l'origine de Son autorité. Ne s'agissait-il
pas précisément de l'objectif de Son entrée à Jérusalem ? Ce choix stratégique
peut être éclairé par Marc 4:11-12, où il apparaît que Jésus dévoile la vérité
uniquement à ceux qui manifestent un désir sincère de la connaître,
tandis qu'Il la cache à ceux qui sont hostiles ou indifférents. Cette approche
sélective souligne la profondeur de Sa mission et le discernement avec lequel
Il la conduit.
De plus, Jésus savait, par l’intention
de leur question, qu’ils ne voulaient que Le
confronter au lieu de se repentir de leur orgueil et de leur dureté de cœur.
Il est clair qu’à travers Ses enseignements, ils percevaient le caractère divin
de Jésus: « Maitre, nous savons que tu es vrai, et que tu ne t’inquiètes de
personne; car tu ne regardes pas à l’apparence des hommes, et tu enseignes la
voie de Dieu selon la vérité » (Mc 12:14).
Donnant suite à Son refus de répondre à la question sur
la source de Son autorité, Jésus introduit une parabole où il est question de
vignerons métayers (Marc 12:1-5). Ceux-ci, en dépit de leur responsabilité, se
montrent infidèles et violents, maltraitant et tuant les serviteurs envoyés par
le propriétaire pour recueillir les fruits de la vigne. Finalement, le
propriétaire envoie son fils bien-aimé, pensant qu'ils le respecteront. Mais les
vignerons complotent et tuent le fils, croyant qu'ils pourront alors s'emparer
de l'héritage – « ils se saisirent de lui, le tuèrent, et le jetèrent hors de la vigne. »
Leur illogisme est frappant, et le jugement à leur égard justifié.
Ces locataires symbolisent une rébellion
ouverte contre l'autorité légitime du maître. Cette histoire a de grandes similitudes avec la parabole de
la vigne qu’on trouve dans Ésaïe 5, où Dieu portait plainte contre l’Israël
infidèle. Tout le monde reconnaitrait le parallèle, en particulier les chefs
religieux. La question suivante se pose alors : que
ferions-nous à la place du propriétaire de la vigne ?
Jésus
affirme que le propriétaire du
champ « viendra, fera périr
les vignerons, et il donnera la vigne à d'autres » (Marc 12:6-9). Il est pertinent de s'interroger sur
la justesse du jugement du propriétaire. Est-il en droit d'exercer une telle sévérité à l'égard
des vignerons ? Est-ce là la
solution appropriée ? Cette réflexion conduit à un point théologique plus large
: il existe des croyants qui soutiennent que Dieu n'exécute pas de jugement
contre Ses opposants. Cependant, la parabole enseigne clairement le contraire.
Dieu, en effet, exerce le jugement, comme en témoigne l'histoire de Jérusalem,
qui fut jugée après la crucifixion de Jésus. Cette parabole souligne la réalité du jugement divin et la
responsabilité qui incombe à ceux qui rejettent l'autorité de Dieu.
L'analyse de Marc 12:10-11 révèle une analogie profonde entre la construction
d'un édifice et la vigne évoquée précédemment dans la parabole. Le lien se
fait à travers l'image du fils, tué et jeté hors de la vigne, qui est alors présenté
par Jésus, citant l’Ecriture, comme la
pierre rejetée par les bâtisseurs, devenue pourtant la pierre angulaire,
essentielle à la stabilité et à la structure de l'édifice. Cette pierre, bien entendu, n'est autre que Jésus Lui-même. C'est à travers le rejet et
la crucifixion de Jésus que Dieu accomplit Sa victoire, érigeant ainsi Jésus
comme le fondement indispensable de la foi.
Jésus avait démasqué avec précision
les complots infâmes des chefs religieux pour lui ôter la vie dans un avenir
proche. En poursuivant avec Marc 12:12, il devient évident
que les chefs religieux comprennent
parfaitement le sens de cette parabole. Leur réaction, marquée par la crainte,
montre qu'ils se reconnaissent dans le
portrait des vignerons rebelles, pleinement conscients des implications et
de la condamnation que cette parabole renferme. Cependant, réticents à accepter
le reproche, ils se retirent pour élaborer de nouvelles stratégies visant à se
débarrasser de Jésus et à consolider leur position au sein de la direction de
la nation. L'égoïsme joue un rôle important dans le maintien du statu quo.
« Dans le cadre de la parabole, la conséquence inévitable du rejet du fils
était un jugement décisif et catastrophique. Cela souligne la signification cruciale du rejet de Jean-Baptiste
et de Jésus qui est si clairement visible dans le texte lu aujourd’hui
(Marc
11:27-33 ; 12:1-12),
car ce qui est impliqué est le rejet de
Dieu. Sans déclarer Sa propre filiation transcendante, Jésus avait
clairement laissé entendre que le Sanhédrin avait rejeté le dernier messager de
Dieu et qu’un désastre s’ensuivrait. La confiance sacrée du
peuple élu sera transférée au nouvel Israël de Dieu. » (William L. Lane, The
Gospel According to Mark: The New International Commentary on the New
Testament, Grand Rapids, MI: William B. Eerdmans Publishing Co., 1974, vol. 2,
p. 419.)
La parabole des vignerons meurtriers souligne la légitimité de Jésus en tant que fondement divin rejeté par les chefs religieux, mais destiné à devenir central dans le plan de Dieu.
Puisse cette journée s'écouler sous la douce
bienveillance de l'Éternel !
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