UN TEMPLE PURIFIÉ 

 

Mardi 27 août 2024

Semaine 9 : Controverses à Jérusalem

Thème général : L’évangile de Marc

 

Texte à méditer : « N'est-il pas écrit : Ma maison sera appelée une maison de prière pour toutes les nations ? Mais vous en avez fait une caverne de voleurs ! » ( Marc 11:17).

 

Le passage de Marc 11:12-26, soumis à notre méditation en ce jour, relate deux événements majeurs, intimement liés : la malédiction du figuier (Marc 11:12-14, 11:20-21) et la purification du temple (Marc 11:15-19). Pourrions-nous dire, dans une perspective contemporaine : un arbre stérile et une église mercantile ? L’histoire s’achève par une leçon sur la foi, la prière et le pardon (Marc 11:22-26). Après avoir examiné la malédiction de l'arbre dans la méditation précédente, nous abordons ici la purification du temple.

 

Dans Marc 11:15-18, il est légitime de se demander si le temple a réussi l'inspection de Jésus effectuée la veille. À l’évidence, la réponse est négative. Après la malédiction du figuier, Jésus entre dans le temple de Jérusalem et chasse ceux qui y faisaient du commerce, renversant les tables des changeurs et les sièges des vendeurs de colombes. Cet évènement s’est probablement produit dans la cour des Gentils, où la vente des sacrifices avait lieu (récemment introduite par Caïphe). Jésus chassa les vendeurs du temple afin que le culte tranquille puisse reprendre. Son action était un affront direct aux responsables du système du temple.

 

Revenant à Marc 11:17, il est précisé que Jésus « enseignait » dans le temple. La question se pose alors : quel enseignement cherchait-il à transmettre aux personnes présentes ? Et que pouvons-nous en tirer pour nous-mêmes aujourd'hui ? Jésus relia deux passages de l’Ancien Testament comme une réprimande cinglante du trafic impie. Il insista sur le fait que le temple doit être une maison de prière pour tous les peuples (Esaïe 56:7), y compris les Gentils. Puis Il dit que les dirigeants ont fait du temple un repaire de brigands (Jer 7:11). Puis, à la fin de cette journée étonnante, Jésus quitta la ville avec Ses disciples (Mc 11:19).

 

De nos jours, une visite à la basilique Saint-Pierre à Rome, un dimanche, met en lumière un contraste frappant entre la solennité de ce lieu emblématique et l'effervescence commerciale qui l'entoure. Tandis que l'intérieur de la basilique et ses abords immédiats préservent une atmosphère de calme et de recueillement, les environs sont envahis par des marchands proposant divers articles religieux. Ces objets, souvent de qualité médiocre, semblent produits en masse, bien loin de l'artisanat raffiné traditionnellement associé à l'Italie. Cette omniprésence du commerce brouille la frontière entre spiritualité et business, transformant les rues environnantes en un marché où les vendeurs profitent de l'afflux constant de touristes pour vendre des souvenirs religieux et autres articles, souvent déconnectés de la foi ou de l'art sacré.

 

Cette situation rappelle ce que Jésus aurait pu ressentir en observant la cour du Temple de Jérusalem, où les activités commerciales tiraient parti de la dévotion des fidèles. Tout comme à l'époque, où la sacralité du temple était menacée par l'opportunisme des marchands, la prolifération des commerces autour et même dans les lieux de culte aujourd'hui soulève des questions sur le respect accordé à ces espaces dédiés à la spiritualité.


Du point de vue de Jésus, le but originel pour lequel le temple avait été établi était devenu obsolète. Sans doute Jésus s’indignait-il à cause du manque de scrupules des transactions qui se faisaient dans l’enceinte du temple. « Les marchands exigeaient des sommes exorbitantes pour les animaux vendus, et partageaient, ensuite, leur profit avec les prêtres et les anciens : ceux-ci s’enrichissaient ainsi aux dépens du peuple. » Jésus-Christ, p. 139.

 

Dans le même temps : « chaque israélite de sexe masculin était supposé payer un demi-sicle d’impôt annuel pour le temple… Les débats sur ce que les autorités du temple faisaient avec l’argent excédentaire suggèrent que la gestion des finances n’était pas du tout transparente » (David Instone-Brewer, « Temple and Priesthood », Grand Rapids, MI: Baker Academic, 2013, pp. 203-204).


Marc 11:18, attire l’attention des lecteurs sur les sacrificateurs, les chefs religieux du temple et les scribes, et sur la façon dont ils « cherchèrent les moyens de le [Jésus] faire périr. » Lorsqu’ils furent réprimandés par le Sauveur, « les prêtres et les anciens auraient dû redresser les abus commis dans la cour du temple » (Jésus-Christ, p. 140). Au lieu d’écouter le message de Jésus, les chefs religieux voulaient que le messager disparaisse. « Les prêtres eux-mêmes, qui officiaient dans le temple, avaient perdu de vue la signification du service qu’ils accomplissaient. Ils avaient cessé de voir, au-delà du symbole, l’objet signifié. En offrant les sacrifices ils jouaient la comédie. Les ordonnances établies par Dieu furent transformées en moyens d’aveugler les esprits et d’endurcir les cœurs. Dieu ne pouvait plus agir en faveur des hommes par leur intermédiaire. Tout cela devait être balayé. » (Jésus-Christ, p. 27). 

 

Il est également pertinent de réfléchir sur l'attitude des chrétiens face à l'engagement moral et politique dans leur propre société. Certains affirment, en s'appuyant sur l'exemple de la vie de Jésus, que nous ne devrions pas nous impliquer dans les efforts pour orienter notre pays vers une voie plus morale, en soulignant que Jésus ne s'est jamais impliqué dans la politique. Cette perspective est-elle justifiée ? Deux distinctions importantes entre la situation de Jésus et la nôtre méritent d'être considérées. Premièrement, Jésus est Dieu, ce que nous ne sommes pas. Deuxièmement, le contexte politique de l'époque était très différent : la liberté d’expression n’était pas acquise, contrairement à certains pays d'aujourd'hui. Dans ce récit, il est clair que Jésus s'efforce de changer ce qui est en son pouvoir. Cela nous invite à réfléchir sur notre propre responsabilité dans la transformation de notre environnement moral et social.

 

Souvenons-nous d'un moment précédent où une question similaire avait été posée à Jésus (Marc 10:1-2). Le « piège » résidait dans le fait qu’une condamnation du divorce pouvait offenser Hérode Antipas, celui qui avait ordonné la mise à mort de Jean-Baptiste. Dans ce contexte délicat, Jésus s'est-il abstenu de commenter la moralité publique, même lorsque cela présentait un danger ? Comme vu précédemment, Jésus adopta une position ferme sur la moralité sexuelle, démontrant qu'il ne reculait pas devant les questions difficiles, même au péril de sa propre sécurité.

 

Revenant à Marc 11:17, une autre question émerge : pourquoi Jésus évoque-t-il « tous les peuples » dans le contexte d'un temple juif ? Une lecture d'Ésaïe 56:6-7 éclaire cette interrogation. Ce passage montre que Jésus n'était pas en train de purifier l'intérieur du temple proprement dit, mais qu'il se trouvait dans le « parvis des non-Juifs », la seule zone où les non-Juifs (les Gentils) pouvaient s'approcher du temple. Cette précision renforce l'idée d'une prise de position pour la « moralité publique ». En effet, Jésus défend l'espace sacré où les non-Juifs avaient la possibilité de se rapprocher de Dieu, soulignant ainsi l'importance de maintenir cet accès ouvert et respecté.

 

Le figuier et le temple présentent un parallèle frappant : Jésus maudit l’arbre mais purifie le temple, deux actions en apparence opposées. L’ironie réside dans le fait que les chefs religieux, en complotant pour tuer Jésus, allaient précipiter la fin de la signification des rituels du temple, qui trouvent leur accomplissement en Jésus.

 

Quelle est la part de votre vie que vous souhaitez voir purifiée par Jésus ? Arbres sans fruits, église commerciale ! Quelle est notre directive première en tant que disciples ? Jusqu'où nous sommes-nous éloignés de cette directive première ? Qu'est-ce qui nous empêche d'y revenir ?

 

Puisse cette journée s'écouler sous la douce bienveillance de l'Éternel !

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