LA CRUCIFIXION 

 

Mercredi 18 septembre 2024

Semaine 12 : Jugé et crucifié

Thème général : L’évangile de Marc

 

Texte à méditer : « Avec lui ils crucifient deux brigands, l'un à sa droite et l'autre à sa gauche » (Marc 15:27).

 

La scène de la crucifixion de Jésus, telle que décrite dans l'Évangile de Marc (15:21-32), constitue un moment crucial dans l’histoire de l’humanité car elle met en lumière la grandeur du sacrifice de Dieu, mais aussi les incompréhensions, les moqueries et les tentations auxquelles Jésus a été confronté. Nous explorerons aujourd’hui ces épisodes, en interrogeant leurs significations et leurs répercussions, tant pour les disciples que pour le monde contemporain. Une ironie terrible et poignante se dégage de ce passage. 

 

La croix que Jésus ne peut porter Après une nuit sans sommeil, ponctuée d'interrogatoires, de moqueries et de violences, il n'est guère surprenant que Jésus, exténué physiquement, soit incapable de porter sa propre croix jusqu'au lieu de sa crucifixion (Marc 15:21). Cet état d'épuisement témoigne non seulement de son humanité, mais aussi du poids écrasant de la mission qu'il porte.

 

Où sont les disciples ? Il est frappant de noter l'absence des disciples à ce moment critique. Ceux qui avaient juré de rester fidèles, même jusqu'à la mort, sont maintenant dispersés, probablement cachés, par crainte d'être eux-mêmes arrêtés. Leur silence et leur retrait reflètent non seulement la profondeur de leur incompréhension, mais aussi leur incapacité à saisir pleinement la nature du sacrifice que Jésus s’apprête à accomplir. Nul d’entre eux ne s'avance pour alléger son fardeau. 

 

Le refus de Jésus face au vin mêlé de myrrhe La crucifixion était une méthode d'exécution atrocement douloureuse, et le vin mêlé de myrrhe servait à engourdir la douleur des condamnés. Pourtant, Jésus refuse ce soulagement (Marc 15:22-23). Pourquoi ? Il est clair que, malgré l'agonie qui l’attend, il veut affronter pleinement son sort, en toute conscience, sans que son jugement ne soit altéré. Sa détermination à accomplir jusqu'au bout sa mission, dans une pleine lucidité, révèle l'ampleur de son engagement pour l’humanité déchue.

 

Une réflexion à partir de Proverbes 31:4-7 « Il ne convient pas aux rois de boire du vin, car, en buvant, ils pourraient oublier les lois édictées   Que l’on donne plutôt les boissons enivrantes à celui qui va périr, et du vin à qui a le cœur amer. Qu’il boive et qu’il ne se souvienne plus de son tourment ! » Dans ce passage, il est conseillé aux rois de ne pas boire de vin afin de conserver un jugement clair. Paradoxalement, Jésus, bien qu’en proie à la souffrance ultime, choisit de suivre ce précepte. Il sait que son rôle dépasse celui d’un simple roi : il est sur le point d'accomplir le salut du monde. Même dans cet instant de faiblesse physique, son esprit doit rester pleinement éveillé pour accomplir la volonté divine.

 

Les Romains : Compassion ou pragmatisme ? Quant aux Romains qui offrent ce vin, il est peu probable que ce geste soit empreint de compassion. Comme le souligne John MacArthur, il s'agit probablement d'un acte stratégique pour réduire la résistance physique de la victime au moment où elle est clouée sur la croix, minimisant ainsi la lutte et accélérant l’acte.

 

Jésus, exposé dans la honte  Le dépouillement de Jésus, non seulement de ses vêtements mais aussi de sa dignité, se déroule sous les regards moqueurs de la foule (Marc 15:24-26). Dans sa culture, la nudité publique était une source de profond mépris, une humiliation insupportable. Les chefs religieux juifs avaient-ils prévu un tel traitement ? Probablement. Leur objectif était de le discréditer, non seulement en tant que prophète, mais en tant qu’être humain, réduisant ainsi celui qu’ils considéraient comme un usurpateur à l'état le plus vil.

Le roi des Juifs moqué comme roi. Jésus est crucifié sous l'inscription « Roi des Juifs » (Mc 15:26), une moquerie des autorités romaines et des soldats qui ne reconnaissent pas la réalité de ce titre. L'ironie réside dans le fait que Jésus est en réalité le véritable roi, non seulement des Juifs, mais de toute l'humanité, mais il est traité comme un criminel indigne.

 

Le Sauveur qui ne se sauve pas lui-même. Les passants, les chefs religieux et les soldats se moquent de lui en disant : « Il a sauvé d'autres, et il ne peut se sauver lui-même ! » (versets 31-32). Ils ne comprennent pas que Jésus choisit de ne pas se sauver pour sauver l'humanité. L'ironie est que sa puissance réside précisément dans son sacrifice volontaire, et non dans une démonstration de force physique immédiate. Les moqueries de la foule sont particulièrement cruelles, car elles visent à souligner le contraste entre l'identité divine de Jésus et son apparente impuissance (Marc 15:27-31). Les passants, inconscients du mystère qui se joue sous leurs yeux, le raillent en lui disant de descendre de la croix s'il est véritablement le Fils de Dieu. Ce qui rend ces insultes encore plus douloureuses pour Jésus, c'est qu'il pourrait effectivement le faire. Mais il choisit de ne pas exercer cette puissance, car sa mission est bien plus grande que de prouver son autorité par une démonstration de force immédiate. Sa victoire s'accomplit dans l'obéissance, non dans la domination.

 

La mort de Jésus et le sabbat (Marc 15:32) Après sa mort, la question pourrait se poser : pourquoi Jésus ne s'envole-t-il pas immédiatement vers le ciel, montrant ainsi à ses ennemis qu'il est véritablement le Fils de Dieu ? Mais ce silence, ce repos dans la tombe, est en soi un témoignage. Jésus respecte le sabbat, le jour saint, même dans la mort. Il attend ce moment ultime de la résurrection, où sa victoire sur le péché et la mort sera proclamée d’une manière plus éclatante que n’importe quelle descente de la croix. Ce silence annonce en réalité la grande clameur de la résurrection.

 

Au début de la semaine de réflexion sur les événements qui ont conduit à la crucifixion, le passage suivant d’Ellen White a été cité : « Il serait bon que nous consacrions chaque jour une heure de réflexion à la contemplation de la vie du Christ … En nous arrêtant ainsi sur son grand sacrifice pour nous, notre confiance en lui sera plus constante ... » Le Désir des Âges, p83:4

 

Je vais probablement m'attirer des ennuis en mentionnant cela, mais il n’est pas inutile de consulter une version révisée de l'idée du chemin de croix : Jésus prie dans le jardin de Gethsémané ; Jésus est trahi par Judas et arrêté ; Jésus est condamné par le Sanhédrin ; Jésus est renié par Pierre à trois reprises ; Jésus est jugé par Pilate ; Jésus est flagellé et couronné d'épines ; Jésus porte sa croix ; Jésus est aidé par Simon de Cyrène pour porter sa croix ; Jésus rencontre les femmes de Jérusalem ; Jésus est crucifié ; Jésus promet son royaume au voleur repenti ; Jésus confie Marie et Jean l'un à l'autre ; Jésus meurt sur la croix ; et Jésus est mis au tombeau.

 

Malgré nos différences théologiques avec le catholicisme, nous sommes tous d'accord pour dire que la crucifixion est au cœur de l'Évangile.


Notre contemplation de la crucifixion n'est pas censée être une vénération qui compte comme des points de fidélité pour notre salut. Elle doit plutôt être le tremplin de notre action en faveur d'une attention désintéressée (sacrifice de soi) à l'égard d'autrui.

 

Jésus, dans sa souffrance, demeure maître de lui-même et fidèle à sa mission divine. Chaque choix, chaque refus et chaque silence témoignent de la profondeur de son sacrifice et de l’immense amour qui le pousse à accomplir l'œuvre du salut. En refusant de se sauver lui-même, il nous sauve tous.

 

Bonne journée sous l’aile bienveillante de l’Éternel !

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